Géographie du désastre (critique de Juliette Rabat publiée le 18 juillet, cliquez ici pour accéder au texte intégral)
Le mot “progrès” dans la bouche de ma mère sonnait terriblement faux évoque le douloureux retour au pays, quelque part en Europe centrale, d’un couple de vieillards ayant fui la guerre. Avec pudeur et inventivité, la mise en scène d’Henri Dalem sublime le texte poignant de Matéï Visniec.
(…) La mise en scène d’Henri Dalem parvient, sans sombrer dans le pathos, à faire naître une juste émotion. Les masques portés par le couple de vieillards, dont les expressions figées traduisent l’indicible peine, introduisent une distance avec l’horreur vécue. Le son de leur voix, amplifié par les micros, renforce cette impression d’un monde lointain et mystérieux, comme si la douleur restait inaccessible à ceux qui ne l’ont pas directement éprouvée. L’atmosphère d’étrangeté qui entoure les deux protagonistes, ombres inquiétantes qui rôdent sur le plateau, est encore soulignée par un éclairage latéral de faible intensité et la succession des scènes sous forme de tableaux furtifs. La tragédie ne peut être regardée que de biais.